BNP PARIBAS, ALSTOM, VOLKSWAGEN : l’aigle américain serre ses griffes sur le coq français

BNP PARIBAS, ALSTOM, VOLKSWAGEN : l’aigle américain serre ses griffes sur le coq français

Ainsi que cela a déjà été mis en évidence (HARBULOT C., « Le Terrain miné de l’affaire BNP », in Conflits, n°3, p. 9 ; GARAPON A. et SERVAN-SCHREIBER P. Dir., Deals de Justice, le marché américain de l’obéissance mondialisée, PUF, 2013. Egalement : « BNP Paribas tremble et implore la clémence des Américains » in Le Figaro, 13/05/2014, « La chambre de compensation, la clé de l’amende BNP » in Le Monde 03/06/2014), l’affaire BNP PARIBAS fut instrumentalisée en dehors de toute sanction judiciaire, afin d’amener la banque à payer, sous la menace de voir sa licence être retirée sur le territoire américain.

 

Le principe directeur – et pour le moins brutal – adopté par les Etats-Unis semble désormais être l’extension et la densification de leur influence toujours plus prégnante, en usant au besoin du « hard power » (ce qui n’est pas sans créer de craintes légitimes dans le cadre du TAFTA en cours de négociation …).

 

Outre BNP PARIBAS, d’autres entreprises pourraient être ciblées. Au nom du même principe d’extraterritorialité (traduisant la notion de sujétion à un empire), le CREDIT AGRICOLE aurait également été visé http://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/021316829036-credit-agricole-pourrait-payer-environ-900-millions-de-dollars-de-penalites-1153985.php

 

On a vu de quelle manière ALSTOM, en dépit du renforcement a posteriori par Bercy du contrôle des acquisitions de sociétés françaises dans des secteurs stratégiques, a été happée par General Electric (GE), au détriment de l’alliance avec SIEMENS http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/05/15/31001-20140515ARTFIG00296-alstom-de-l-echec-au-sursaut-national.php .

Selon Jean-Michel QUATREMER (journaliste) http://www.lefigaro.fr/vox/economie/2015/09/11/31007-20150911ARTFIG00364-alstom-retour-sur-un-suicide-francais.php , qui n’hésite pas à qualifier l’affaire de « scandale d’état » (titre de son ouvrage publié aux éditions Fayard, 2015), cette cession a là encore été nouée sous la pression du Département de la Justice américain, au motif que la société était visée par une plainte pour corruption (amende encourue de 722 millions de dollars). L’auteur est navré de voir le droit continental s’effacer et s’aligner sur les normes américaines de plus en plus dominantes (sur ce sujet, retrouver notre contribution au sein du Hors-série n°1 de CONFLITS « Nous sommes en guerre économique »).

Si la cession à GE a été validée par Bruxelles le 8 septembre 2015, un contretemps inattendu vient des Etats-Unis eux-mêmes en raison d’une filiale d’ALSTOM (PSM) établie en Floride qui aboutirait à un monopole en matière de fourniture de composants pour turbines à gaz sur le territoire américain. Les autorités anticoncurrentielles ont donc retardé sine die la fusion (in La Lettre A, n°1697 du 17 septembre 2015).

 

Plus récemment encore, dans le cadre des révélations de tricheries aux Etats-Unis, sur le rejet de gaz d’échappement sur les modèles de voitures fabriqués par VOLKSWAGEN, si la faute est indéniable (introduction de logiciel destinés à tromper les appareils de contrôle) et reconnue par les dirigeants, Alain JUILLET (ancien Haut Responsable à l’Intelligence Economique) voit ici aussi une volonté hégémonique, rappelant comment l’Oncle SAM a évincé PEUGEOT de l’Iran (rappelant sèchement l’interdiction de commercer avec des pays mis au ban des nations), au profit de GENERAL MOTORS (après reprise simultanée des échanges diplomatiques) http://www.francetvinfo.fr/economie/automobile/volkswagen/l-affaire-volkswagen-releve-d-une-guerre-economique-menee-par-tous-les-moyens-possibles_1096127.html

 

Tout cela traduit en conséquence une influence économique intensifiée des Etats-Unis, qui renforcent leurs moyens de pression mais également, ce qui est à regretter, une cécité de l’Etat français, un affaiblissement par soumission, à tout le moins un vide stratégique.

 

En matière d’intelligence économique, d’attractivité, de volontarisme économique, de compétitivité et de prospective, une conclusion s’impose : notre pays doit renouer avec une forme de colbertisme moderne.

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